En ce moment, on peut lire sur le site du journal Libération (rubrique Libémag, puis Grand Angle) un délicieux article signé Edouard Launet sur les livres d'or. Pour le visiteur, le livre d'or fait partie des petits bonheurs gratuits de la vie, celui de laisser une trace de son passage.
Bien avant qu'apparaisse les blogs et internet, c'est sur les pages vierges des livres d'or que s'épanchait la soif d'expression des Français. On y retrouvait des déclarations farfelues, des coups de gueules touchants, des délires poétiques et des commentaires amusants." Chaque établissement confère à l’objet une fonction particulière : cahier de doléances, vase d’expansion pour trop-plein d’émotions, carnet de recueil d’adresses, exutoire pour collégiens et adultes potaches, album souvenir, carnet d’autographes "... explique Edouard Launet. "Mais pour le visiteur, l’exercice se résume souvent à ce petit bonheur gratuit qui consiste à laisser une trace physique de son passage. «Philippe, où es-tu ? Je te cherche partout parmi les bouddhas…», écrit Sylvie, un jour de mars 2001, dans le livre d’or des Galeries du panthéon bouddhique du Japon et de
Cette hilarante anecdote me charme, mais ne m'étonne pas plus que ça. Ayant eu le plaisir de participer à une importante enquête sur le sujet (dix-huit mois de recherche...), j'ai pu constater que les "perles des livres d'or" sont largement aussi savoureuses que les "perles du bac" qu'on lit, relit et s'envoie par internet tellement c'est bon...
Si le sujet vous intéresse, voici un lien vers le joyeux résultat de notre enquête ("Livres d'or en folie", aux éditions de Fallois).
Mais je ne résiste pas à vous en livrer ici quelques extraits, histoire de se poiler un peu :
Dans le Livre d'Or du Parc de Maulévrier :
- "Endroit splendide. Véritable sentiment de calme propice au recueillement. P. S. Vends 309 diesel, pneus neufs ".
Dans le Livre d'Or du zoo de Vincennes :
- "J'ai constaté avec tristesse que l'hippopotame ne vient pas quand on l'appelle".
- "Je m'insurge contre votre politique commerciale scandaleuse qui consiste à fermer les jours de fermeture".
Dans le Livre d'Or du château de Versailles :
- "Choupinet, viens voir Versailles, c'est trop chouette ! ..."
A la Cathédrale de Rouen :
- "Bel exemple d'architecture gothique. Hauteur de plafond remarquable, idéale pour le saut à l'élastique. PS Pour tous les fans, rendez-vous dimanche au Viaduc de la Souleuvre".
Suite au développement d'internet, je me demandais si, dans le futur, il serait toujours possible de tomber sur des livres d'or aussi savoureux. Le web et ses sites institutionnels n'allaient-il pas tuer le concept même du livre d'Or, oasis de libre expression parfois saugrenue ?
En réalité, il semblerait, et c'est une vraie bonne surprise, que "les livres d'or ont encore une utilité", rapporte Edouard Launet. "D'ailleurs, ils se portent bien, merci. Quantité de musées, galeries, hôtels, restaurants, magasins, salons de mariage et jusqu'aux hôpitaux perpétuent la tradition".
Mais tout n'est pas rose. Il déplore que le Palais de Tokyo n'ait toujours pas son Livre d'or. Nous avions nous-même été très déçus à la Cité des Sciences et à la Cité des Enfants à La Villette. A quand un livre d'or o-bli-ga-toi-re dans les lieux publics ?
En conclusion de son article, Edouard Launet note que le meilleur moyen pour que survive cette amusante coutume, c'est de ne jamais laisser passer une occasion de s'épancher sur un livre d'or. Chiche ! Tous à vos stylos ! Dans chaque expo, chaque musée ou chaque resto, on laissera dorénavant l'empreinte de sa plume littéraire (ou tout du moins rigolote). En attendant, rêvons à un véritable développement des livres d'or... sur internet ;-) !
Rédigé par Claire
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